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Nos engagements écologiques : les résultats 2022
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Notre objectif écologique principal : la réduction de la
consommation de gasoil. Mais c'est logiquement de plus en plus difficile
: notre
bateau avec ses 40 tonnes et transportant en moyenne une dizaine de
personnes, consomme annuellement nettement moins de gasoil que nos véhicules (un Trafic de 2006
et une Twingo de 2011 qui ont consommé 912 litres de carburant en 2021).
Donc, voilà ce que
ça donne, d'abord au global : La consommation globale a baissé de plus de
3500 litres à 600 litres environ (c'est à dire moins d'un plein) par an. Le
nombre de jours de navigation, et la distance parcourue, après avoir
augmenté jusqu'en 2015-2017, a maintenant tendance à diminuer un peu (même
s'il faut pondérer avec les années COVID).
2022 a été excellente de ce point de vue : très belle météo, presque pas de
sortie à la journée, nouvelles ailettes sous la quille permettant de faire
un meilleur près, un peu de chance et beaucoup d'attention...
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Résultats 2022
Mais, ce qui est plus intéressant, c'est la
consommation spécifique (par jour de navigation, et aux 54 miles nautiques
(100km). On voit que les deux diminuent d'ailleurs un peu ensemble ce qui est
normal, mais que les très bonnes années (2015, 16, 18, 21, 22) sont celles où on
a à la fois fait de la distance et beaucoup de voile.
Moins de conso gasoil, moins d'émission de CO2, plus de voile, que du bonheur !
Alors comment on fait ?...
Le choix du programme de
navigation.
La bataille se gagne avant de se donner :
gouverner, c’est prévoir, comme disait quelqu’un...
Prévoir toujours beaucoup plus de temps que nécessaire, ne pas planifier trop de
navigations à l’envers des vents dominants. Et s’il y en a, ajouter encore de la
marge. Pour pouvoir prendre du temps pour tirer des bords ou ...attendre les
conditions favorables pour faire de la voile !
Et en plus de réduire les consos, on augmente le
plaisir de naviguer, ce qui est quand même le but du jeu !
Mise
au point du bateau et performances
En 2007, nous avions adopté un spi et poncé
entièrement la coque.
En 2009, nous avons remplacé notre
gréement à mât à pible et à vergue de flèche par un mât de flèche, pour pouvoir
envoyer un clinfoc et faciliter l’envoi du grand-flèche. J'estime à près de 40%
le gain au global du gréement à mât de flèche.
En effet, le clinfoc est une voile
magique, qui a trois effets essentiels : on ajoute presque 30m2 à plus de 15m
d'altitude et il y a de l'air là haut; on ajoute un foc devant le flèche et on
accélère le flux autour de celui-ci ; on équilibre le bateau en le rendant moins
ardent ce qui le tire littéralement vers l'avant. Tout ceci avec une voile
modeste qui est peu chère (par rapport à un gennaker de 150m2), traditionnelle,
et facile à envoyer et à amener.
En 2011, notre Grand Carénage nous a permis d'avoir une carène lisse comme celle
d'un yacht et a certainement enlevé quelques centaines de kilos.
En 2017, des voiles neuves de qualité réalisées
par Simon Den Boer, un maître-voilier néerlandais exceptionnel, nous permettent
de franchir un nouveau cap. Les Den Boer font ce métier de père en fils depuis
1850 pour la flotte de voiliers traditionnels hollandais. Le fait
qu’ils soient d’une gentillesse et d’une modestie qui
n’ont d’égales que leur fiabilité ajoute encore au plaisir. Les voiles
sont à la fois performantes et d’une solidité impressionnante. Le près est
amélioré de 5 à 10° et il est maintenant facile de passer la barre à un néophyte
car le bateau ne s’arrête plus sur
une faute d’inattention. Notre dernier achat, un foc de brise de 27 m², permet à
Lola de continuer à faire du
près dans 30 nœuds de vent réel. Avoir une confiance absolue en ses voiles
apporte plaisir et sécurité, mais permet aussi de faire moins de moteur.
En 2022, les ailettes sous la quille ont encore amélioré le près en diminuant
nettement la dérive, et nous ont permis de faire encore plus de voile.
Enfin, systématiquement, nous remettons en cause l'organisation du
gréement pour le rendre plus logique à manœuvrer, plus performant, et ces
efforts portent leurs fruits !
Sens marin
Mais nous sommes aussi en mer pour acquérir un
certain rapport au temps. Il ne faut pas oublier de "profiter des
contraintes naturelles" aussi :
…de mettre à la cape pour déjeuner tranquille
plutôt que de mettre le moteur pour aller chercher le coffre qui est à un quart
d’heure de moteur.
…de couper le moteur pour envoyer les voiles, on a
besoin de rien pour maintenir le bateau face au vent !
…de faire un départ de mouillage à l’aide du vent
et du courant ; et même choisir son moment et s’il faut plus de temps pour
relever le mouillage.
…de prendre un coffre à la voile plutôt que de le
faire avec un coup de machine.
…de mettre le réveil une heure plus tôt pour avoir
de la marge et profiter de toute la marée pour passer le raz de Sein à l’heure.
…de travailler ses manœuvres pour
les rendre plus faciles, donc on n'hésite pas à les faire.
... de naviguer avec les courants même s'il faut arriver trop
tard pour la douche...
La Météo
La météo a fait énormément de progrès, en fiabilité, en finesse et en facilité
d'accès.
La fiabilité de la météo est quelque chose de difficile à apprécier. On
s'aperçoit qu'elle est inversement proportionnelle au délai. A 12h, c'est très
souvent parfaitement juste : le modèle GRIB "AROME" de Météo-France peut-être
fantastique : on connait les bascules de thermique, les molles, on peut aller
chercher le vent d'un côté ou de l'autre du plan d'eau... Bon ça ne marche pas
toujours il faut le dire, mais quand ça marche, c'est diabolique !
A moyen terme, les autres modèles permettent de planifier sa navigation pour ne
pas se retrouver "coincé" sans vent, ou pour se permettre d'attendre un vent
favorable car on sait qu'il va venir.
Pour ce qui est de la finesse, on est passé d'un bulletin zone
"Aiguillon-Espagne" (plusieurs centaines de km de côtes), à une flèche AROME
tous les 1000 mètres ! Mais c'est surtout la facilité d'accès qui a été
améliorée. Il y a 20 ans, on avait deux bulletins par jour, à heure fixe par
VHF. On a aujourd'hui une mise à jour de fichier GRIB toutes les deux heures, et
on peut la télécharger directement sur son ScanNav, même avec très peu de signal
4G plusieurs fois par jour, je dois admettre une certaine addiction à cette
affaire... Même s'il ne faut pas oublier de regarder dehors et de veiller au
grain qui ne serait pas sur l'ordi...
Tout cela ne rend pas seulement la navigation plus économe
pour la planète mais aussi plus passionnante, améliorant à chaque fois ses
compétences et son sens marin : seamanship comme disent les anglais.
L’utilisation du moteur
En voiture, on peut faire baisser assez facilement sa consommation quand on y
prend garde : on lève le pied un peu, on conduit plus souplement (en levant le
pied avant d’être obligé à freiner et sans écraser la pédale droite dès qu’un
bout de droit est libre), on arrête son moteur au feu rouge ou pour discuter sur
un parking avec une connaissance (si ça dépasse 15 secondes), etc.
En bateau le gain est moins net (nous adoptions
déjà une allure raisonnable) mais on a quand même gagné 5% en consommation
spécifique (de 6,95 à 6,63 litres/heure en moyenne) :
- utilisation systématique des voiles lors des
manœuvres de port pour éviter au maximum les coups de gaz (en plus c’est très
efficace et assez joli).
- baisse du régime de croisière à 1800 tr/mn (70%
du régime maxi) la perte en vitesse est d’environ ½ nœud sur eau plate (6,5
nœuds au lieu de 7).
- éviter au maximum de remonter contre la mer.
Quand on est obligé de faire du moteur on privilégie la navigation mixte (par
exemple foc 2, 2 ris dans la grand-voile bordée dans l’axe, à 20° du vent
apparent et machine à 1400 tr/mn.
Le suivi et la communication
Je
trouve la diminution de notre consommation énergétique au global une activité
très intéressante. Elle permet de développer l'intelligence du geste, et je suis
étonné du changement de retour que nous avons des gens qui sont à bord. D'un
rictus moqueur, nous sommes passé à des questionnements intéressés et maintenant
à des suggestions, à des récits de ce que fait chacun pour se livrer à cet
exercice passionnant. Et on ne peut plus indispensable pour la planète.
Nous suivons donc ces indicateurs sur chaque croisière
et, si nous avons le temps et l'intérêt, nous discutons à la fin, avec les
participants;
les efforts que l'on fait sont donc mesurables et ça motive pour la suite !
Ce qui est déjà intéressant, et ce
qui pourrait être une piste pour pas mal d’activités économiques si on s’en
donnait un peu la peine. Peine qui devient immédiatement une grande satisfaction
et source de bonheurs...
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